Deux siècles de négoce sur la Promenade des Platanes, du Concours Régional Agricole à la foire exposition

Si c’est par délibération, en 1868, que la Promenade des Platanes fut désignée comme le lieu où se dérouleraient les expositions publiques, c’est dès 1862 que Perpignan y accueillit le premier Concours Régional Agricole, lequel se para du faste du Second Empire.

Aussi, les expositions successives qui s’y sont tenues offrent-elles un champ d’étude qui permet d’approcher l’évolution économique de ce territoire, en témoignant de l’impact de la révolution industrielle, en encourageant le développement agricole et technologique puis en s’ouvrant à la consommation et au commerce international.

Ces concours régionaux qui deviennent, fin XIXe s., des expositions industrielles... puis, au cours du XXe s., des foires agricoles et des foires-expositions demeurent tous un moment économique particulier par l’attrait qu’ils exercent sur le monde de l’agriculture, de l’industrie et du négoce, par le brassage des populations qu’ils favorisent, par leur capacité à devenir une vitrine agricole, industrielle et technologique.
Ces manifestations nous permettent aujourd’hui d’appréhender le développement des transports ferroviaires avec l’implication de la Compagnie du Midi, de mesurer l’intérêt des exposants à faire valider la qualité industrielle de leurs produits grâce aux médailles et récompenses et de vérifier la présence des grandes familles roussillonnaises, propriétaires de domaines agricoles et viticoles. Pour autant, elles confirment la vocation essentiellement agricole de ce territoire, marqué par la timidité de la révolution industrielle – les édiles constatant en 1862 que « le concours de l’industrie [était] demeuré sans projet ».

Celles qui jalonnent le XXe s. sont le reflet d’une population majoritairement rurale (pour le premier tiers) qui cherche à exporter ses cultures maraîchères et fruitières  et  qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, voyant émerger et se développer la société de consommation, ouvre ses portes aux arts ménagers et à l’ameublement. Les Foires-Expositions qui naissent avec les Trente Glorieuses, deviennent les instruments majeurs de propagande du Roussillon désormais tournés vers une clientèle internationale.

Tout au long du XIXe s., ces concours ou expositions souhaitèrent embrasser « toutes les manifestations de l’activité humaine », depuis l’industrie jusqu’aux beaux-arts en proposant une multitude d’animations, signe de  l’importance de leur impact auprès du public. Et la prolongation du Concours Régional Agricole de 1890 par la municipalité, moyennant une grande exposition durant près de deux mois, s’inscrit dans une appropriation politique très certainement portée par l’impact de l’Exposition Universelle de 1889 qui célébra le centenaire de la République.