Les Palmiers
Trois espèces peuvent être datées de la transformation du Square Bir Hakeim en parc à l’anglaise à la fin du XIXe s. :
- le Phoenix canariensis Chab : le Phoenix des Canaries, est ce que l’on appelle une espèce « endémique ». Il s’est différencié au fil des temps géologiques des autres Phoenix comme le dattier, sans hybridation, du fait de l’isolement des Iles Canaries
Confondu avec son cousin le dattier jusque vers 1840, il a été introduit en 1864 sur la Côte d’Azur, et a gagné les Pyrénées-Orientales où des pépinières le commercialisaient à la fin du XIXe s.
Contrairement à la Côte d’Azur, le dattier, qui avait pourtant préexisté au Phoenix des Canaries était quasiment inexistant en Roussillon avant les années 1970.
Il y a quelques années encore, c’était une particularité de Perpignan sur l’arc méditerranéen, avec une pureté génétique rare.
Mais ces deux Phoenix s’hybrident, et si l’on peut espérer une descendance pure des graines du Square Bir Hakeim, ce ne sera pas le cas là où les deux cousins sont en mélange.
Les exemplaires d’origine sont situés à proximité de l’allée Louis Prat.
- le Washingtonia filifera Wendl. : il a été introduit sur la Côte d’Azur en 1877. Ici deux exemplaires remarquables approchent les 20 m.
Les Washingtonia filifera du Square Bir Hakeim ont une valeur patrimoniale : les sujets contemporains n’existent qu’à une quarantaine d’exemplaires dans le département, et coïncident avec la croissance économique liée au développement de la vigne et à la diffusion du vin du Roussillon grâce au transport ferroviaire à la fin du XIXe s. ; chaque château digne de ce nom se devait de planter son Washingtonia filifera, à côté d’autres espèces exotiques, dont plusieurs palmiers : Parc Ducup, Mas Bresson... Sa pousse lente ne lui a pas assuré de succès par la suite. Il est rarement planté aujourd’hui, avec le risque d’acquérir des hybrides du Washingtonia robusta.
Le Washingtonia robusta, facile à confondre jeune, est aujourd’hui commun grâce à sa pousse très rapide. Il est utilisé massivement depuis le début des années 1970 : Moulin à Vent, Place de Catalogne, façade du Palais des Congrès, etc…
Les deux espèces sont originaires de la zone frontalière mexico-californienne.
Elles s’hybrident aussi et la pureté génétique de la descendance n’est plus aujourd’hui assurée. Les Washingtonia filifera du Square restent conformes au type botanique.
Leur jupe de vieilles feuilles leur est utile en les protégeant du vent : elle évite la casse des feuilles vivantes. Elle subsiste si on ne la coupe pas inutilement. La jupe du Washingtonia robusta, plus fragile, se rompt de façon aléatoire, ce qui peut conduire selon les lieux à en enlever périodiquement une partie.
- le Trachycarpus fortunei Wendl. : souvent appelé à tort Chamaerops excelsa, est originaire de Chine, de zones non méditerranéennes, ce qui explique sa rusticité et sa présence courante dans l’ouest de la France et jusqu’à Paris en zone urbaine. Il semble avoir été introduit par le jardin botanique de Bordeaux au milieu du XIXe s.
Sensible au vent, il ne produit ici son effet esthétique qu’à l’abri ou dans les parcs, mais se ressème abondamment en sous-bois de platanes autour de certains domaines viticoles du Roussillon. C’était aussi le cas au Square Bir Hakeim jusqu’aux années 60, comme en témoignent les cartes postales.
Le Trachycarpus peut aussi, si on le respecte, produire une abondante « jupe » de feuilles sèches pittoresque que l’on peut ne pas aimer, mais naturelle, qui permet le développement d’un « houppier abondant de feuilles vertes plutôt qu’un plumet… »
Il est menacé, (d’autres espèces de palmiers le sont aussi mais dans une moindre mesure), par un papillon exotique d’Amérique du Sud très spectaculaire, le Paysandisia, qui pond dans le bourgeon central et unique, le condamnant en 2 ou 3 ans. Une technique de lutte biologique est disponible depuis 2010. Les dégâts sont identiques sur le Chamaerops humilis (le vrai Chamaerops méditerranéen) et la plus grande attention doit y être portée. Des dizaines de Trachycarpus sont morts en Languedoc.
Les sujets anciens sont localisés avec les Phoenix des Canaries à proximité de l’allée Louis Prat.
Ces trois espèces de palmiers du Square Bir Hakeim ont une valeur patrimoniale par leur ancienneté, qui correspond à une phase historique de la ville et du Roussillon à partir de la fin du XIXe s., parallèlement au succès des platanes.
Les autres palmiers présents au Square et à proximité sont plus récents. |