Le platane

Le Platanus Orientalis, Linn. est considéré par les horticulteurs comme essentiellement méridional. Les Romains l’apportèrent en Italie à l’époque de la prise de Rome par les Gaulois (390 av. J.C.). Il aurait été introduit en France sous le règne de Louis XV, et à partir de ce moment-là il fut cultivé et multiplié dans les jardins et autour des châteaux de toute l’Europe méridionale et centrale. Plus robuste que sa variété d’Occident, il résiste très bien aux gelées.
L’espèce d’Occident, apportée de Virginie en 1640 et acclimatée dans le nord et le centre de l’Europe, a été progressivement remplacée par l’espèce type.
Tous les arbres plantés dans les villes du sud de la France sont issus des quelques hybrides qui se sont formés spontanément dans les jardins botaniques de Kew à Londres où poussaient les deux espèces.
Répertorié sous le nom scientifique de Platanus x hybrida, il est connu dans le langage populaire sous des noms différents : platane hybride, platane vulgaire, platane commun, platane à feuilles d’érable. Si l’on en croit Casimir Roumeguère, membre correspondant de la Société Agricole Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales(1), la réputation des platanes de Perpignan n’était plus à faire en 1874 : «  Le platane d’Orient prospère dans les Pyrénées-Orientales aussi bien que dans son pays natal. La promenade publique de Perpignan, plusieurs avenues de cette ville et les cours de divers établissements publics en offrent des exemplaires merveilleux... Dans les Pyrénées-Orientales, où les étrangers viennent admirer la majesté de sa vaste cime, il est superflu de parler de la culture du platane...»
Charles Flahaut, membre de l’Institut, confirme cette opinion : « La Promenade des Platanes est connue dans tous les pays de l’Europe civilisée comme une des plus belles qu’on puisse voir. »

Âge
Le platane commun peut atteindre 300 ans, si les attaques des parasites ou de la pollution urbaine n’entament pas sa vigueur. La croissance exceptionnelle de certains sujets peut nous induire en erreur car la datation exacte reste toujours difficile. Selon P.M. Bernadet, ex-ingénieur au service des espaces verts de la ville, quelques sujets bicentenaires se trouvent autour de la fontaine Belloc. On les retrouve presque aussi gros sur les photos et les cartes postales du centenaire du Square. La taille annuelle raisonnée est pratiquée au Square depuis une quinzaine d’années. En mai 2010, l’élagage des platanes du square Bir Hakeim a été réalisé par une entreprise spécialisée et pour réussir cette intervention, les élagueurs se sont hissés jusqu'à 40 voire 60 mètres, ce qui nous permet de confirmer la taille des sujets les plus anciens. Cette opération effectuée tous les ans permet de sécuriser cet espace public, de dresser l’état phytosanitaire des plantations, et elle évite surtout les grosses plaies d’un élagage traditionnel. Ce contrôle annuel systématique a permis d’éviter la propagation du Ceratocystis fimbriata f.sp platani Walter, champignon qui vit à l’intérieur des tissus du bois et qui a déjà décimé près de 50 000 platanes dans les régions méridionales de la France. Quand le chancre coloré a contaminé un arbre, sa durée de vie n’excède pas 3 ou 4 ans. Le Ceratocystis est encore inconnu dans le département.

Classification scientifique
•Règne : Plantae
•Famille : Platanaceae
•Genre : Platanus
•Espèces : Platanus acerifolia
•Platane à feuille d’érable – Hybride

En conclusion, il faut retenir que l’extension véritable du platane à Perpignan date du début du XXe s. On le trouve notamment au Square Bir Hakeim et sur les boulevards adjacents. Comme partout dans le département des Pyrénées-Orientales, il s’agit du platane hybride et non du platane d’Orient, ce qui n’enlève rien à leur valeur. Malgré sa réputation méridionale, le platane hybride est planté dans toute l’Europe, jusqu’au Danemark.

(1) Bulletin de la S.A.S.L. des P.O., 21, 1874, p. 209-216