Graveur

Pierre Talrich, natif de Serrallonga, publia des poèmes réunis sous le titre de Records del Rosselló en 1887(1). Exilé à Paris, ce vallespirien exprime tout l’amour qu’il porte à sa terre natale dans cet ouvrage : aussi, « il y consacra tous ses soins et voulut que l’édition en fut particulièrement soignée. L’illustration fut confiée au maître aquafortiste, Louis Le Nain et au compatriote Teyssonière [sic]. L’un burina avec vigueur l’énergique physionomie de l’auteur, l’autre évoqua, d’un trait original et pittoresque, les sites célèbres du Roussillon : le Canigou, vêtu de blanc, le Castillet, les Platanes, les danses catalanes...(2) »
L’ouvrage constitua une belle publication qui lui valut de nombreuses félicitations (de la part des félibres, de Frédéric Mistral, de Monseigneur Carsalade du Pont,...) : le soin apporté à cet ouvrage s’explique certainement par le fait que son auteur travaillait dans le milieu de l’édition. Il fut employé quelque temps chez un éditeur puis au journal Le Siècle où ses activités journalistiques lui permirent de fréquenter les cercles littéraires et artistiques.

Pierre Teyssonières, (Albi, 1834 - Paris, 1912) d’origine occitane, a débuté sa carrière de graveur au Salon de Paris en 1868. Après avoir intégré l’administration des Ponts et Chaussées, il se vit rapidement confier l’enseignement du dessin dans les écoles professionnelles de Bordeaux. À Paris ensuite, ce contemporain d’Alexandre Oliva et de Gabriel Faraill dirigea l’imprimerie des Ponts et Chaussées. « Ses relations s’étendirent dans le monde des artistes, des éditeurs et des amateurs qui appréciaient fort ses gravures... Appelé à se prononcer comme expert sur l’identité du fameux bordereau de Dreyfus, il conclut sans réserve à la culpabilité de l’accusé (3)». À partir de ce moment-là,  sa  notoriété de graveur s’en trouva fort discréditée.
Il a laissé un grand nombre de peintures, pastels, fusains et a beaucoup représenté Bordeaux et sa région. Il a fixé magistralement dans des gravures des scènes typiques et des sites locaux de la fin du siècle dernier. En 1910, on le retrouve aux Jeux Floraux célébrés à Perpignan où il obtint une mention honorable avec La Rifla, eau-forte et un portrait de Jacint Verdaguer.
Il réalise dans Records del Rosselló deux gravures qui symbolisent l’attachement du poète Talrich à Perpignan avec les planches du Castillet et des Platanes.

(1) Talrich, Pierre. Records del Rosselló / il. par Le Nain et P. Teyssonières. Perpignan, imp. Ch. Latrobe ; Barcelona, A. Verdaguer ; Paris, A. Savine, 1887. 49 p., [8] pl.
(2) Brinquant, Paul. Revue catalane, 1914.
(3) Capeille, Jean. Dictionnaire de biographies roussillonnaises. Perpignan, imp. J. Comet, 1914.