Histoire des Temps futurs
Pendant l’été 1895, le sculpteur adresse une lettre au conseil municipal dans laquelle il se propose de faire don à la ville de Perpignan et au département de sa dernière statue « Les Temps futurs ». Cette oeuvre lui a valu une 3ème médaille au Salon des Artistes français de 1895. La statue représente un artisan au travail : sur une enclume antique, il transforme en charrue des glaives et des épées. C’est le symbole de la paix future.
Le 11 avril 1897 eut lieu l’installation des Temps futurs au square des Platanes. L’oeuvre en bronze faisait face au Monument commémoratif de la guerre de 1870-1871. Cette oeuvre fut détruite pendant l’hiver 1941-42, lors de la réquisition des métaux non ferreux.
Dans le Journal maritime, commercial et illustré de 1896 (1), on trouve un dessin à la plume de A. Vigo qui reproduit fidèlement ce bronze sur son socle, ainsi qu' un poème de Joseph Fons (2)« Temps futurs », et un texte de Joseph Payret, directeur de ce périodique, qui analyse l’oeuvre de J. B. Belloc : « ... On ignore généralement combien le bronze rend difficilement l’expression de la vie. Le marbre a moins de durée mais il excelle à faire valoir le génie de l’artiste. Le bronze, matière mate où la lumière s’écrase, semble interpréter avec moins de vérité l’effort de la pensée créatrice. Cette difficulté, Belloc l’a surmontée d’une façon souveraine. Son oeuvre est d’une impressionnante éloquence. Le rude ouvrier qui brise de son marteau vaillant le fer cruel, et transforme les épées meurtrières en socs de charrues, en cet outil bienfaisant qui fournit à l’homme le pain de chaque jour, procède d’une conception consolante et féconde...».
(1) Journal commercial, maritime, artistique, littéraire, illustré des P.O., 1, 1896, p.77
(2) Collaborateur du journal Le Coq Catalan, il avait présidé la section littéraire de la SASL (Société Agricole Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales). Mainteneur de la Compagnie littéraire du Genêt d'Or, il avait publié un recueil de poèmes : Rêveries Nouvelles (Perpignan, imp. de l'Indépendant, 1895)
TEMPS FUTURS
Sur le groupe inauguré au Square des Platanes le 11 avril 1897.
Jours d’espoir, Temps futurs, je salue et j’acclame
Votre proche naissance, ô temps libérateurs !
En ce monde souffrant qui gémit et réclame
Plus de bien-être et moins de pleurs.
Forge, ouvrier, frappe, maltraite,
Le fer d’angoissant souvenir,
Transforme, de ton bras d’athlète,
L’épée en soc où se reflète
L’étincelle de l’avenir !
Alors disparaîtront la guerre et ses alarmes ;
On ne connaîtra plus l’égoïsme pervers ;
L’hiver ne sera plus un pourvoyeur de larmes
Comme le sont tous nos hivers.
Salut ! symbole d’espérance !
Qui nous fait rêver du moment
Où mourra la noire souffrance,
Où règnera la paix immense
Dans un immense embrassement !
Joseph Fons.
In : Journal commercial, maritime, artistique, littéraire, illustré des P. O, 1, 1896
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