Concours Régional Agricole de Perpignan, du 1er au 10 mai 1880
C’est après avoir interrogé plusieurs villes, sièges de précédents concours, comme Draguignan, Carcassonne, Gap et Chartres que la municipalité fit une estimation précise des dépenses nécessaires aux fêtes du concours puis en accepta la tenue à Perpignan.
L’installation de structures destinées à l’exposition « de machines, locomobiles, pressoirs, faucheuses, herses, batteuses,... ; les écuries des animaux, les tentes des produits et des instruments agricoles, les pavillons pour les services et des galeries pour l’exposition des produits divers » modifia profondément l’aspect des Platanes qui « ont pris déjà hier un aspect réjoui et animé qu’elles n’ont pas d’ordinaire. Des baraques de foire se sont alignées sur le passage du Concours : cirques, lutteurs, tirs de hasard, voitures bariolées, etc. » (1) On installa même « le service du Télégraphe dont, paraît-il, on a senti le besoin » !
Le développement des transports ferroviaires permit à la Compagnie du Midi d’organiser des trains à prix réduits de Narbonne, Carcassonne, Banyuls-sur-Mer... « Les trains de plaisir venus de plusieurs points à la fois ont déversé sur Perpignan des nuées d’étrangers, espagnols, habitants de l’Aude, de l’Hérault, de l’Ariège ; en ville et au Concours, c’était un pêle-mêle d’étrangers, une confusion de visages nouveaux »(2) et l’on présuma qu’une foule de visiteurs serait au rendez-vous « On annonce l’arrivée, dans la semaine, de nombreux touristes espagnols de la frontière et de Barcelone. Ils viennent s’assurer par eux-mêmes si la réputation qu’on fait aux Français, réputation d’activité et de génie, est réellement justifiée. Nos voisins d’outre-monts n’auront certes pas à Perpignan le spectacle grandiose de la capitale en 1878. Mais ils verront – quoique en petit- que les premiers Français de France ne sont pas les premiers venus, - sans calembourg ![sic] »(3)
Pourtant le concours ne fit pas l’unanimité et fut l’objet de controverses dans la presse : « Un journaliculet [sic] clérical de notre cité républicaine disait samedi que l’Exposition ferait fiasco. Je crois très sincèrement aujourd’hui que le fiasco est complet pour les boutades venimeuses du goupillonneur »(4)
« ... Pourquoi diable fourrer la politique de discrédit commercial jusque dans les machines à battre et dans les étables des animaux? Croit-on faire beaucoup de mal à la République en écrivant que le Concours Régional de Perpignan ne vaut pas l’Exposition Universelle de 1878 ! »(5)
Mais le concours battit son plein : nombreux furent les visiteurs transportés par voitures, diligences, trains et carrosses, en particulier lors de la dernière journée, fructueuse pour les voituriers, les hôteliers, les marchands et les exposants « Le mot vendu s’est multiplié sur les machines et instruments au Concours ».(6)
De plus, il semble que le concours ait atteint ses objectifs en matière d’encouragement au progrès technique comme en témoigne le discours du préfet « en expérimentant les méthodes nouvelles, en poussant à leur propagation, en recherchant les fléaux qui frappent trop souvent notre sol, ils aident chaque jour au développement de notre richesse » tandis que le maire, Paulin Testory (7), se félicita de la qualité de la vitrine agricole, résultat de l’émulation insufflée par les concours : « Le Roussillon en particulier a sextuplé ses richesses qu’il doit à l’exportation des vins et des produits maraîchers. Ces grands résultats sont la conséquence des enseignements puisés aux Concours Régionaux et des encouragements libéralement décernés par l’État »(8)
(1) In : L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, 10 et 11 mai 1880
(2) Ibidem
(3) In : L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, 3 et 4 mai 1880
(4) Ibidem
(5) In : L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, 8 mai 1880
(6) In : L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, 10 et 11 mai 1880
(7) Paulin Testory fut maire de Perpignan du 7 juillet 1876 au 16 janvier 1881
(8) In : L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, 10 et 11 mai 1880 |